Baignade champêtre
Il fait toujours très chaud.
Je suis rentré du boulot vers dix-neuf heures et je suis reparti aussitôt avec Vicky et la caravelle. A cinq minutes de chez moi, il y a la forêt de Saint-Rémy l'Honoré et, au coeur de cette forêt, il y a deux étangs. Le plus petit est d'accès assez difficile et il est toujours désert. C'est un peu mon secret que je garde jalousement. Les soirs de chaleur, comme aujourd'hui, je vais m'y baigner. Il y a un ponton de bois où l'on peut s'étendre et d'où l'on peut plonger. Ce soir, j'y suis arrivé à vingt heures précises. Je me suis déshabillé et j'ai plongé aussitôt avec délice dans l'eau fraîche. Le soleil déclinant touchait la cime des arbres de la rive d'en face. Le soir paisible dans la lumière dorée résonnait de trilles,sifflets et chants de dizaines d'espèces d'oiseaux, des appels rauques des canards dans les roseaux, du bourdonnement des mouches, taons et libellules attirés par la peau humide. Quelquefois, le craquement d'une branche sous les pattes de Vicky dans les hautes fougères derrière le ponton et le baiser mouillé d'un poisson venant crever la surface de l'eau pour gober un insecte... Le bois trempé du ponton luisait comme un miroir... C'était un instant sacré d'harmonie avec le monde où seul compte le présent; un instant de paix véritable.