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Pierre d'écriture
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31 octobre 2007

Noces insolites

Le thème des Impromptus littéraires de cette semaine m’a fait irrémédiablement penser à mon premier roman, ce roman de jeunesse, que j’ai commencé à écrire à vingt-quatre ans. En fait, « Noces insolites », c’est un titre que j’aurais pu lui donner. Je l’avais appelé « Un étrange amour » mais ça ne m’avait jamais vraiment satisfait …

Il mettait en scène un jeune type qui tourne mal, dans une de ces cités comme on en voit de plus en plus aujourd’hui. Cambriolages, vandalisme, vols de bagnoles… Michel, entré dans une bande de demeurés, est inexorablement entraîné vers les bas-fonds. Un jour, à la suite d’une longue beuverie dans un bistrot, un soir de décembre, la triste bande croise le chemin de Marianne, jeune prof qui rentre chez elle après un conseil de classe. Michel viole Marianne tandis que les autres la maintiennent écartelée sur la terre gelée. Mais lorsqu’il atteint le plaisir, il éclate en sanglots et réalise tout d’un coup la portée de son acte. C’est pour lui comme un déclic qui lui fait prendre en horreur l’existence dans laquelle il était tombé. Des années de galère s’ensuivent, mais il arrive peu à peu à remonter la pente. Marianne, traumatisée, ne peut plus, elle, vivre comme avant… Et puis, un jour, leurs destins se croisent à nouveau et voilà ce que ça donne, retranscrit vingt-deux ans après :

— Je t’aime, Marianne…
Le visage douloureux, implorant, il s’approcha d’elle, la prit dans ses bras et la serra très fort contre lui.
Ce désir qu’elle éprouvait pour lui la désemparait : tout se brouillait en elle et elle éclata en sanglots. Brusquement, elle le repoussa, tourna les talons et sortit en courant de la pièce. Elle dévala les escaliers en pleurant à chaudes larmes. Lorsqu’elle passa devant la loge, la concierge écarta son rideau et haussa les épaules : une dispute d’amoureux, sans doute…
Dans la rue, Marianne continua à courir.
Michel, l’espace d’un instant, resta pétrifié. Le dégoût et l’écoeurement l’envahirent peu à peu. Il se dirigea vers la fenêtre, l’ouvrit en grand, et appela Marianne, désespérément. Mais elle était déjà loin et il comprit que c’était inutile lorsqu’il la vit tourner au coin de la rue. Tout était terminé. Elle avait disparu dans la nuit et il savait qu’il ne la reverrait jamais. Il enjamba l’appui de la fenêtre et sauta dans le vide. Le bruit fit sortir la concierge de sa loge. Il était étendu sur les pavés, disloqué, les yeux grands ouverts sur une tristesse infinie, éternelle.

Marianne s’arrêta, essoufflée. Elle s’assit sur un banc et s’essuya les yeux. Elle venait de comprendre, aussi étrange que cela puisse paraître, qu’elle avait besoin de lui autant qu’il avait besoin d’elle. Elle ne pleurait plus : elle savait maintenant qu’elle aimait Michel.

Nota : il faut dire qu’en ce temps-là, dans mon esprit, les héros, ils mouraient toujours à la fin…

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