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Pierre d'écriture
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25 février 2008

Un monde où tout le monde il est beau…

Dans les commentaires récents, j’ai eu cette phrase qui m’a sacrément interpellé :

Si je dois choisir entre un monde où tout le monde est beau, tout le monde est gentil et un monde où tout le monde est laid et méchant, je prends le premier, sans hésiter.

Il faut replacer un peu dans le contexte pour comprendre. Dans mon billet « concert de louanges », je déplorais ce côté souvent observable des blogs qui consiste à se joindre aux concerts de louanges sur les personnalités encensées par les médias dominants et surtout à coller à un conformisme ambiant très prégnant. Les blogs, c’est vrai, c’est un peu l’univers du tout à l’ego, et chacun veut y offrir une image très positive de lui. C’est normal et c’est humain. Je maintiens que le conformisme ambiant, c’est tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

Bien entendu, moi aussi, si j’avais à choisir, je choisirais le monde où tout le monde il est beau et gentil. Et je crois que tout le monde ferait pareil, c’est évident. Personne, entre le bonheur et le malheur, ne choisirait le malheur !

N’empêche que je n’ai pas à choisir, et c’est peut-être heureux, d’ailleurs… Parce qu’il y a fort à parier qu’un monde où tout le monde serait beau et gentil serait un monde totalitaire (Relire le meilleur des mondes par exemple) ; mais cela, c’est un autre débat.

Pour se convaincre que le monde dans lequel on vit est loin d’être un monde peint en rose, il suffit de lire les journaux, d’écouter la radio, de regarder un journal télévisé.

Est-ce que l’humanité qu’on voit impliquée dans les pires meurtres, dans les pires actions, dans la dénégation constante de la liberté des autres, est une humanité différente de celle qui s’exprime dans les blogs, où tout le monde affiche de beaux et bons sentiments ? Je ne le crois pas : il y a une seule humanité et dans chaque homme, le meilleur et le pire se côtoient. Le problème, c’est que les gens affichent toujours des intentions magnifiques. Alors, les vrais problèmes ne peuvent plus se discuter. Et je suis toujours frappé du décalage entre l’image que l’on a de quelqu’un que l’on connaît superficiellement et celle que l’on découvre lorsque l’on vit seulement quelques jours avec lui, au quotidien.

Les gens veulent toujours donner une image idéale d’eux, une image qui n’est pas eux, et, lorsqu’on les côtoie dans l’intimité, on a l’impression que malheureusement, beaucoup ne gagnent pas à être connus. Et peut-être, s’il y avait moins de « prêt à penser » ambiant, si les gens osaient plus dire ce qu’ils croient vraiment et non ce qu’il faut croire, alors on aurait moins de déconvenues ensuite.

Et puis, il faut reconnaître que ce qu’on aime dans les histoires, c’est quand il y a du drame, du sang, de la jalousie, des rivalités…
Que serait l’histoire de Roméo et Juliette si Roméo avait aimé Juliette, si leurs parents avaient été d’accord pour les unir, si les deux familles s’étaient aimées, dans la plus parfaite harmonie, s’ils avaient eu beaucoup d’enfants et si leur vie avait été un long fleuve tranquille ? Est-ce qu’il y aurait eu une histoire ? Aurait-elle eu la moindre chance d’intéresser quelqu’un ?

En revanche, si le drame de Shakespeare fait partie des grands mythes de l’humanité, c’est parce que Roméo et Juliette étaient issus de familles ennemies, parce que Roméo a tué le frère de Juliette, parce qu’il a été banni, parce que pour tenter de préserver leur amour contre tous, Juliette a simulé la mort… Mais Roméo croyant qu’elle était morte se suicida et Juliette, comprenant l’horrible méprise, se suicida à son tour.

Tout ça pour dire qu’on ne peut pas toujours jouer à l’autruche. Regardons autour de nous comment marche vraiment le monde.

Et si un proverbe résumait bien tout cela, ce pourrait être : il ne faut pas se fier aux apparences

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Commentaires
A
çà existe, çà, extinct, comme mot ?<br /> bon, moi je pense qu'il faut faire la part des choses<br /> sur les blogs, j'ai aussi "croisé" des personnes pas belles et pas gentilles<br /> comme dans la vie en fait<br /> car l'image que l'on donne de soi n'est pas si éloignée de la réalité que dit ici<br /> et pour cause: il faudrait être vraiment très très fort pour garder le masque comme çà tout le temps<br /> mais bon, ce que j'en dis, c'est que ma modeste opinion<br /> et si ici personne n'est d'accord, à vrai dire, çà n'a pas grande importance.....<br /> quand à Roméo et Juliette, heu, ya plein d'histoires d'amour pas dramatiques qui ont laissé des traces.......voyons... voyons... çà va me revenir .......
J
Imaginons une évolution humaine où tout encouragement était banni, où l'on n'avait droit qu'aux critiques négatives. (non, non, non, ne confondons pas avec l'Inquisition ! ;-))<br /> <br /> Je pense que l'homme serait extinct, et depuis longtemps.<br /> <br /> ;-)
J
Vos deux commentaires, c'est de l'or. Je ne vous ai pas répondu tout de suite parce que j'ai voulu les relire plusieurs fois. Joye, je t'ai bien lu jusqu' au bout, et tu fais beaucoup avancer ma réflexion. Et Martine, tu n'es pas du tout hors sujet. Bien au contraire : tu as entièrement raison quand tu dis que l'individualisme forcené est le meilleur allié du capitalisme déchaîné. Tout le monde est profondément individualiste mais on s'imagine souvent le contraire, dans la galerie des bons sentiments que l'on s'attribue volontiers. On a approché ainsi, je le crois, de multiples facettes de la vérité. Approché seulement, bien entendu, un peu comme ces hauts sommets qui, à mesure que l'on s'en approche, semblent s'éloigner dans la même mesure...
M
Entre tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, et tout le monde il est laid tout le monde il est méchant ... il y a, fort heureusement, des intermédiaires. La gentillesse ,la noblesse d'âme (quand les gens en sont pourvus)rendent beau, la méchanceté, l'envie, la jalousie, enlaidissent. On peut être gentil un jour, méchant le lendemain parce que "ce n'est pas le jour", mais s'excuser le surlendemain ... Malheureusement, le monde est ainsi fait qu'"on" nous monte les uns contre les autres, diviser pour mieux régner, alors que l'union fait la force, et je pense peut-être un peu naïvement, que si tout le monde se donnait la main pour résister aux "puissants", on pourrait peut-être faire évoluer un peu ce monde individualiste.<br /> Je crois que je suis un peu hors sujet, mais j'avais envie de le dire.<br /> Quant aux blogs, il vaut mieux éviter ceux où l'on se congratule à tout va ... <br /> Si les gens se comportaient dans la vie comme ils disent se comporter dans leur blogs(et même en dehors) ça se saurait. Il y a un décalage immense entre ce qu'ils pensent être et sont réellement. Et j'en ai fait l'expérience. Faites ce que je dis, pas ce que je fais ...<br /> Un peu fouillis tout ça, non ? ;-)<br /> Tant pis, ça a le mérite d'être spontané. <br /> Il ne me reste plus qu'à te souhaiter une bonne soirée !
J
Je me permets de citer de la pièce que tu évoques parce que j'ai pu torturer des élèves américains de 3e pendant 14 ans avec ces vers :<br /> <br /> "For naught so vile that on the earth doth live<br /> But to the earth some special good doth give."<br /> <br /> C'est Friar Lawrence, le grand sage de la pièce qui le dit, et si je devais la traduire dans mon français boîteux pour les non-anglophones, je dirais : Il n'y aucun mal sur la terre qui ne serve pas à quelque bon.<br /> <br /> L'idée est ancienne, ce n'est pas Shakespeare qui aurait inventé le concept de yin-yan, bien sûr.<br /> Mais pour moi, c'est tout à fait ça, la vie. Il y a du bien et du mal, et du bien même dans le mal.<br /> <br /> Le contraire est vrai aussi. Trop d'une bonne chose n'est pas bien ! Si la vie était toujours tout le temps heureuse, le bonheur ne serait plus le bonheur mais l'ennui. Il nous faut du mal afin d'apprécier le bien. Il nous faut du bien pour apprécier le mal.<br /> <br /> Donc, si je choisis de jouer mon jeu à voir le bien dans le mal, c'est bien. Et si tu n'aimes pas, c'est mal. (non, là, je plaisante, mais c'est juste pour voir si tu me lis encore)<br /> <br /> À propos, je viens de pondre un texte qui sera peut-être refusé par les Impromptus. Tu vois, si cela peut te consoler, tu verras encore une preuve qu'il y a du bon (solidarité) dans le mauvais (mon texte).
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