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Pierre d'écriture
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27 juin 2005

La peur

Je pensais traiter le sujet un peu plus tard : je ne savais pas encore bien si j'allais convoquer quelques souvenirs ou réfléchir d'une manière plus ou moins théorique sur le mécanisme de la peur... Ou peut-être les deux... Sans doute, même, c'est ce que j'aurais fait. Et puis, alors que je ne m'y attendais pas le moins du monde, la vie et ses aléas m'ont donné de la matière...

etang

Le soleil couchant vient caresser la surface de l’eau. Tout est calme, reposé. Je me suis bien baigné, je vais bientôt partir. Le vert des jeunes feuilles de noisetier a quelque chose d’attendrissant dans la lumière dorée. Les bruits habituels de la forêt et de l’étang me bercent doucement. Je suis parfaitement bien. Je me rhabille et je prends le chemin du retour…

chemin

Dans les derniers rais de lumière dorée, des centaines de moucherons tournoient. Vicky trottine à mes côtés : je la garde en laisse car comme elle vient de se baigner, elle est bien propre et je sais qu’il y a sur le chemin du retour un ou deux marigots qu’elle affectionne tout particulièrement…
Tout à coup, elle tombe en arrêt. A cinquante mètres devant nous environ, il y a un énorme sanglier qui traverse  sur le chemin. Très vite, je vois qu’il s’agit d’une femelle, une laie avec ses marcassins, qui sont tout petits… Ils ne doivent avoir que quelques jours. Je m’arrête et je m’accroupis, à côté de Vicky, que je fais asseoir. Les petits ont fini de traverser et sont à l’abri dans les fourrés à gauche du chemin. La mère, elle, reste sur le chemin, comme pour nous surveiller, évaluer nos intentions. Je sors l’appareil photo de son étui… La photo sera malheureusement un peu flou car il n’y a plus assez de lumière à cet endroit-là…

laie

Comme nous ne bougeons pas, elle finit par rejoindre ses petits sur le côté du chemin. Elle disparaît à son tour. Avec Vicky, nous lui laissons le temps de rassembler sa petite troupe et de poursuivre sa route.
Au bout d’un petit moment, je me redresse et je me remets à marcher,  suivi de Vicky  qui a réglé son allure sur mon pas.
Arrivé à quelques pas de l’endroit où elle se tenait, je vois une grosse forme brune dans les hautes herbes et j’ai à peine le temps de réaliser que la laie n’est jamais partie qu’elle est déjà en train de me charger. J’ai juste eu le temps de faire un bond en arrière en hurlant… Vicky m’a échappé et elle a détalé cinquante mètres en arrière, ne demandant pas son reste…
Heureusement, mon cri a arrêté la laie qui, immobile maintenant, en plein milieu du chemin, guette le moindre de mes mouvements. Je comprends que si je fais un seul pas en avant, elle charge à nouveau. Avec d’infinies précautions, je recule… Pas après pas… Au bout d’un temps qui me paraît infini, comme si l’espace-temps s’était brusquement distendu, je rejoins Vicky, assise sur son arrière-train, se gardant bien, elle aussi, de toute provocation.
Il est clair que les marcassins sont installés dans les fourrés au bord du chemin et que leur mère ne nous laissera pas passer. J’ai un instant de panique : comment rentrer alors ?
Mais je reprends vite mes esprits car en rebroussant chemin de quelques dizaines de mètres, je m’aperçois qu’il y a moyen de passer sans doute par le pré en contrebas du chemin...

Et c’est ce qu’on a fait… Heureusement, nous avons pu passer à une distance respectable de la famille sanglier…
Arrivé à la voiture, j’avais les jambes qui tremblaient…
Et pourtant, le soir était tout aussi paisible…

plaine

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Commentaires
J
Ah oui, ça tu peux le dire ! Quand on a un bestiau pareil juste à côté de soi, c'est tout à fait impressionnant ! Mais ils ne profitent jamais de leur force vis à vis de nous alors qu'ils pourraient nous mettre en charpie tellement facilement !
B
heureusement que c'était pas un tigre, car les félins sont bien plus agressifs. ou un ours ou un loup, ça, ça arrive encore, mais de moins en moins, alors en quelque sorte, ce genre de rencontre, c'est un cadeau de la nature, surtout si ça se termine bien, car ils ont de quoi nous en vouloir les animaux! En tous cas, Bravo, tu t'en est super bien sorti!
J
Merci Telle !
T
Je rejoins le choeur : on s'y croirait, même sans la photo... qui vient simplement confirmer que ce n'est pas une fiction ! J'ai eu peur avec toi !
J
Grosses bises aussi Wictoria...
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