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Pierre d'écriture
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8 novembre 2005

Interview

- François Hannurjans, vous venez donc d’obtenir le prix Goncourt pour « Deux jours chez ma grand-mère », votre dernier roman…
- Oui, oui, effectivement… C’est un très grand honneur pour moi… Oui…
- Et, de plus, vous battez sur le poteau, Michel Ousson-Léplume, qui était proclamé grand favori avec « L’impossibilité d’un continent »…
- Oui, oui… Mais, vous savez, nous ne courons pas dans la même catégorie…
- C’est une évidence… On dit que la maison d’édition Grassouillet-Flasquette a attendu plus de dix ans votre roman ?
- Oui, oui, effectivement, douze ans très exactement…
- Dans le monde littéraire français, vous êtes vraiment un phénomène : comment faites-vous ?
- Oh, vous savez, mon éditeur est un homme intelligent et patient... Il sait bien que la vraie littérature ne se fabrique pas en trois coups de cuillère à pot…
- Certes, cher François Hannurjans, mais tout de même : douze ans pour un roman qui n’atteint pas les cent cinquante pages, n’est-ce pas tout de même un peu excessif ?
- Certains n’ont pas manqué de le prétendre, en effet… Mais vous savez, lorsqu’on est exigent avec soi-même, on est d’autant plus en butte aux critiques peu constructives et aux mauvaises langues…
- Dites-nous comment vous faites…
- Eh bien, c’est très simple : je me mets au travail quand les gens vont se coucher en général... Et je travaille d’arrache-pied, toute la nuit, en buvant du thé vert, jusqu’à cinq ou six heures du matin…
- Toutes les nuits ?
- Bien évidemment !
- Mais alors, à ce rythme-là, vous auriez dû écrire votre roman en seulement quelques mois ?
- Non, parce que, si je noircis chaque nuit une dizaine de pages, je ne garde sur toute cette matière première qu’une dizaine de mots…
- Ah… Oui, je comprends que dans ce cas…
- Vous savez, quand j’ai commencé l’écriture de ce roman, ma grand-mère m’attendait : je lui avais annoncé ma venue mais je reportais sans cesse mon départ… J’ai toujours beaucoup de mal à quitter Paris…
- Pourtant, dans le roman, votre héros est plutôt un grand voyageur…
- Oh, mais, c’est de la fiction, vous savez : le roman met en scène mon double, un certain François Hosurgences…
- Et votre grand-mère dans tout ça ?
- Eh bien, malheureusement, elle est morte l’an dernier…
- Oh, je suis désolé : toutes mes condoléances…
- Ne vous inquiétez pas : vous faites votre travail…
- Et vos projets ?
- Je compte écrire un livre sur mon grand-père…
- Il n’est pas mort, lui ?
- Oh si, depuis longtemps !
- Ce sera un livre sur le souvenir ?
-  Absolument pas ! Ce sera l’histoire d’un homme, François Résurgence, qui veut aller rendre visite à son grand-père et qui n’y parvient jamais… D’ailleurs, vous savez, je suis un homme qui ne conserve quasiment jamais de souvenirs…
- N’est-ce pas gênant pour un écrivain ?
- Pas du tout ! C’est une grande chance au contraire !
- Ah bon ?
- Bien entendu : c’est ce qui permet de réécrire indéfiniment le même livre sans la moindre arrière-pensée…

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Commentaires
J
Vos deux commentaires me font vraiment du bien. Merci beaucoup et bienvenue chez moi à Pierre de lune. Pierre de lune et Pierre d'écriture, c'est joli quand même...
P
visite et... certainement pas la dernière! Tout est beau ici... <br /> Merci à Radotages d'avoir placé ce lien sur son blog..
W
j'ai bcp aimé cette interview, il faut que je te dise que j'ai éclaté de rire de lire les pseudos...<br /> Bravo !
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