Un jardin d'hiver
C'est pour les Impromptus littéraires que j'ai écrit ces quelques lignes...
Mais elle auraient aussi leur place dans La maison de Chenevières...
Au fond de l’immense jardin, il y avait les serres, adossées à un mur de pierre. C’était là qu’on était venu d’abord lorsqu’on avait visité la maison la toute première fois. On était tombé sous le charme du lieu, et plus encore grâce à la magnifique lumière qui baignait cet endroit… C’était un jour de mars éclatant de soleil, l’une de ces journées qui annoncent le printemps et qui redonnent envie de vivre…
On s’était dit qu’on pourrait en faire un fantastique jardin d’hiver. Il y avait une source d’eau claire dans la serre de droite et on y voyait déjà un bassin avec une petite cascade, et de belles plantes tout autour. Quelques sièges en rotin…
Dix ans plus tard, le rêve n’est jamais devenu réalité…
J’ai bien essayé à certains moments de remplacer les carreaux cassés mais j’ai vite compris que les montants métalliques étaient mangés par la rouille et qu’il fallait tout déshabiller pour traiter le métal… Je m’y suis attelé certains jours de grand moral mais c’était un véritable travail de titan… D’autant qu’en démontant les verres, j’en cassais un sur deux…
Aujourd’hui, le jardin d’hiver est balayé par les courants d’air et chaque coup de vent emporte quelques carreaux de plus. Les bacs à terre sont envahis d’orties et de chardons et au sol de vieux tuyaux d’arrosage achèvent d’agoniser parmi les débris de verre et de pots de fleurs en terre cuite…
C’est l’hiver dans nos cœurs et notre amour s’est étiolé comme ce géranium oublié dans un coin, près du vieux mur envahi de lierre.
Vraiment, si l’on était resté ensemble, on aurait pu faire un splendide jardin d’hiver…