L'usine à papillons
C’est l’histoire d’un type qui était responsable d’une petite fabrique artisanale de cadres de papillons, vous savez ces cadres où, sur un fond clair, sont épinglés de beaux papillons aux couleurs chatoyantes. Le type, il dirigeait une petite équipe de cinq personnes. Avec lui, ça faisait six. Et, à eux six, ils faisaient tout, d’un bout à l’autre :
ils attiraient les papillons, les attrapaient avec de grands filets, fabriquaient les cadres, disposaient les papillons et les mettaient sous verre. Et puis, ils les vendaient. Et le commerce de ces cadres marchait pas trop mal. Les bénéfices revenaient à une grosse usine appelée « Centre de Récolte Des Papillons » dont la petite fabrique était une succursale. Pourtant, un jour, la grande usine de cadres à papillons qui se trouvait à une trentaine de kilomètres de là, dans une zone industrielle très laide et qui employait une bonne soixantaine de personnes décida que la petite fabrique devait fermer parce que, soi-disant, elle coûtait plus que ce qu’elle rapportait…
Bien sûr, les gars de la petite fabrique n’étaient pas contents du tout, parce que, eux, ils savaient qu’ils travaillaient bien, qu’ils attrapaient beaucoup de papillons et qu’ils vendaient beaucoup de cadres. Ils allèrent en délégation à la grande usine pour tenter de montrer qu’ils étaient utiles. Malheureusement, les dirigeants de la grande usine, dans la zone industrielle très laide, ne voulurent rien savoir. Pour éviter que le type qui était responsable de la petite fabrique fasse trop d’histoires et pour couper court à toutes les protestations, les dirigeants lui promirent monts et merveille. S’il acceptait de rejoindre la grande usine, on lui confierait une équipe pour continuer à fabriquer des cadres. En fait, pour lui, rien ne changerait, ou presque : ce serait même mieux parce qu’il aurait plus de gens qui l’aideraient et aussi plus d’outils, et, il pourrait attirer beaucoup plus de papillons.
Le pauvre type, il y crut à toutes ces promesses et finalement, très peu de temps après, la petite fabrique ferma ses portes…
(Suite au prochain épisode)
Note importante de l’éditeur : toute ressemblance avec des personnages ou des situations ayant réellement existé ne serait que purement fortuite. Cap Décor n'a rien à voir avec toute cette histoire où le papillon est plus symbolique que réel. D'ailleurs Cap Décor s'occupe essentiellement d'insectes et de papillons exotiques, alors que le pauvre type en question, il ne s'occupait que de papillons bien de chez nous. Dans cette histoire, ce sont plutôt les dirigeants de la grande usine qui sont exotiques...