Quiproquo

Je m'baladais sur l'avenue, le cœur ouvert, à l'inconnu… J'avais envie de dire bonjour à n'importe qui…

      N'importe qui et ce fut le cas : une femme se rua sur moi, un homme à ses trousses, vociférant…
— Pierre, je t’en prie, protège-moi, il est devenu fou ce mec !
— Mais madame, je ne vous connais pas… Répondis-je
Mais elle s’était déjà pendue à mon cou et placée sous ma protection en disant :
— Allez Pierre, c’est plus la peine, il sait tout ! La bête sait tout !
— Attendez ! Non, mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
Entre temps, l’homme qu’elle appelait la bête nous avait rejoint et il hurlait :
— Salope ! J’en étais sûr que t’avais un amant ! J’en étais sûr ! Je savais bien qu’un jour je vous démasquerais ! Je vais vous pulvériser tous les deux !
Et, joignant le geste à la parole, il avait empoigné sa compagne et tentait de l’écarter de moi.
— Lâche-moi, primate, gorille, de toutes façons, ça changera rien : je te quitte ! Je vais vivre avec Pierre ! T’es trop con ! Et ta réaction, là, ça n’arrange rien, tu vois !
— Mais moi, c’est pas Pierre, c’est Jean-Pierre… Tentai-je de rectifier, en pure perte…
— Ah ! Tu vas voir ce que je vais en faire de ton Pierre, de ce minable !
Je n’eus même pas le temps de voir arriver sa main en forme de battoir en direction de mon visage qui ne devait exprimer à ce moment là que stupeur et incrédulité… Et je me retrouvai par terre, complètement groggy… J’entendis comme dans un brouillard où se mêlaient les bruits de la circulation et de la foule qui s’attroupait :
— Mais t’es vraiment trop con ! Ce type, je l’avais jamais vu de ma vie ! C’était juste pour voir jusqu’où t’étais capable d’aller !  Ce coup-ci, c’est terminé : je te quitte pour de bon !
Je perdis connaissance à ce moment-là…

      J’étais arrivé le cœur ouvert et je repartis l’œil fermé…

Texte écrit pour les Impromptus littéraires...