Joyeux Noël
Joyeux noël, le film de Christian Carion, qui va sortir mercredi prochain, est une œuvre forte, généreuse, humaniste, une œuvre qui fait réfléchir, une œuvre qui compte parce qu’on a l’impression de voir la vie un peu autrement quand on sort de la salle, de regarder ce qui nous arrive dans la vie de tous les jours d’un autre œil et de le mettre en relation avec des choses plus vastes, plus fondamentales…
Ce très beau film s’inspire de faits réels qui se sont déroulés durant la guerre 14-18, et en particulier à Noël 1914 : les soldats ennemis réfugiés dans des tranchées voisines qui fraternisent… Allemands, français, écossais, se retrouvent regroupés sur le no-man’s land pour une messe de minuit improvisée et magnifique.
Ces soldats qui s’entretuaient la veille vont, avec beaucoup de méfiance et d’hésitation de prime abord, aller les uns vers les autres, et finir par échanger vin, chocolat, cigarettes en s’efforçant de communiquer malgré le barrage de la langue.
Les acteurs sont extraordinaires de vérité et de justesse : Guillaume Canet joue Audebert, le lieutenant français, Daniel Brühl (Good Bye Lenin !) campe le personnage du lieutenant allemand et Alex Ferns, l’officier écossais. Le fait que les comédiens soient de la nationalité des personnages qu’ils incarnent et qu’ils jouent dans leur langue maternelle ajoute encore à l’authenticité du film. Et ceux par qui tout est arrivé : Diane Krüger, Anna la cantatrice, et Benno Fürman, le ténor allemand, qui chantent tout deux pour les soldats, sont magnifiques.
La conclusion de l’histoire ne peut que nous faire songer à ce côté particulièrement implacable et paradoxalement inhumain des grandes institutions humaines telles que l’armée et l’église…
En somme, c’est un film que je vous conseille vraiment… Un très beau moment de cinéma.
"Si nous pouvions lire l'histoire secrète de nos ennemis, nous trouverions dans la vie de chaque homme un chagrin et une souffrance suffisants pour désarmer toute hostilité."
Henry Wadsworth Longfellow (1807-1882)
Crédits photo Nord-Ouest Production/Jean-Claude Luther